« Dans les replis de ma mémoire s’ouvrent des portes closes et des moments enfouis se raniment…J’ai souvent l’impression que les liens entre la réalité extérieure et mon être intime se brisent ou m’échappent, et c’est au plus secret de mon âme que je puise mon inspiration, comme d’un trésor inconnu. »
« Mon âme en exil »  de Zabel Essayan

Je suis né d’un peuple qui a eu la nécessité de renaître, d’exister à nouveau sur une terre différente de celle de ses racines.
J’ai vécu dans un certain silence. J’ai souvent ressenti un immense vide au plus profond de mon corps.
Les interrogations sans réponses se bousculaient dans ma tête.
Il me fallait écrire  – sans mots.
L’argile est devenue cette page blanche, sur laquelle j’inscris mes perceptions sensitives, page d’écritures, de signes et de touches imaginaires; cette matière où s’impriment les empreintes fossiles d’instants d’histoire ; cette roche meuble et fragile qui se métamorphose dans le temps de centaines de millions d’année en roche dure et qui fige ces instants. 
J’y transcris l’indicible enfoui au plus profond de mon être, donc mes racines léguées comme des données de destinées. Ma main conserve la mémoire de la danse gestuelle du  graphisme de mes origines, transcription d’une pensée en signe.
Elle reste imaginaire afin de transmettre une culture sans en figer les contours.     A.T.